«On est là pour aider à la création d’emplois digitaux innovants»

«On est là pour aider à la création d’emplois digitaux innovants»

«Nous sommes une vingtaine de salariés. Ce qui peut paraître peu par rapport à ce qu’on fait sur le marché. Il y a une bonne raison à cela: notre focus a toujours été – et je suis là depuis 12 ans – de créer de l’emploi auprès de nos 280 sociétés partenaires, qu’elles amènent de l’innovation ou des services auprès de nos clients. On touche tous les segments, des plus grands clients commerciaux, industriels ou gouvernementaux jusqu’à la PME. On s’appuie beaucoup aussi sur notre écosystème.»

Le country manager de Microsoft au Luxembourg,Candi Carrera, ne «joue» pas profil bas, il est d’un naturel tranquille au moment d’aborder l’évolution des produits de la marque vers davantage de productivité et de sécurité, de se heurter forcément aux critiques sur l’utilisation généralisée de ses solutions par l’Éducation nationale, sur le respect de la vie privée ou…

«J’insiste sur la contribution, humblement, au développement du Luxembourg, que ce soit en termes d’innovation, d’efficacité, de productivité, de digital ou de création. On est là pour créer des emplois digitaux innovants. Il y a un vrai enracinement ici, au Luxembourg.»

Du coup, comment vivez-vous les articles à répétition sur l’omniprésence des Gafam et sur la difficulté à ne pas recourir forcément à leurs services et solutions?

«Je me focalise sur la création d’emplois, je veille à ce que l’écosystème partenaire, que nous avons dû transformer, soit prêt à amener de l’innovation que le Luxembourg n’a pas encore, ou dont le Luxembourg doit se doter dans le futur. En 2010, quand je suis arrivé, on était très focalisés sur les technologies hébergées et installées chez nos clients.

Dans notre stratégie, comme on a évolué depuis l’arrivée de Satya Nadella, il y a les outils de productivité, la ‘modern workplace’, tout ce qui tourne autour de Microsoft 365, que ce soit la productivité ou toute la sécurisation des outils de collaboration, un thème devenu extrêmement important dans un monde de plus en plus digital, voire confiné. Microsoft Azure, infrastructures et plateforme, est aussi stratégique pour nos clients, ils peuvent aller beaucoup plus vers leurs marchés. On a la partie BizApps et la gamme de catégorie Surface auprès de vendeurs et dans les entreprises avec des solutions.

Avant le Covid, je vous aurais clairement dit que la priorité était l’intelligence artificielle. Certaines priorités ont changé. L’IA reste quelque chose qui est inscrit dans la quatrième révolution industrielle. Depuis 2016, même à Luxembourg, je vois l’apparition de plus en plus de projets autour de l’IA.

Que ce soit les services cognitifs pré-entraînés qui peuvent être utilisés par nos clients pour développer de l’innovation dans leurs produits ou leurs services, les chatbots, le langage naturel ou la détection d’objets, nous voulons mettre à disposition des briques, des building blocks pour le B2B pour qu’ils puissent innover.

Candi Carrera,&nbspcountry manager pour le Luxembourg,&nbspMicrosoft

«On est là pour aider à la création d’emplois digitaux innovants»

Il n’y a pas que l’aspect technologique, il y a surtout l’aspect éthique, de conformité, sur lequel il y a beaucoup de travail à faire, dans le monde, et même à Luxembourg. Le Luxembourg a la volonté de faire des choses dans ce domaine-là. Avec Microsoft 365, depuis un certain temps, on essaie d’infuser l’IA dans ces outils de productivité, que ce soit la traduction en temps réel ou d’autres choses, sans que les gens ne le perçoivent directement. Cela va aider à la productivité et au travail des gens.

Sur Azure, on est un peu moins sur la productivité. Que ce soit les services cognitifs pré-entraînés qui peuvent être utilisés par nos clients pour développer de l’innovation dans leurs produits ou leurs services, les chatbots, le langage naturel ou la détection d’objets, nous voulons mettre à disposition des briques, des building blocks pour le B2B pour qu’ils puissent innover. Nous avons la responsabilité de ces innovations globalement, mais aussi localement.

Avec le Covid-19, surtout les PME, le shopping physique n’est plus possible, et encore, nous sommes encore privilégiés au Luxembourg. Mais si vous êtes un ou une petit(e) entrepreneur(e) et que vous avez besoin de dialoguer avec vos clients sept jours sur sept, vous allez avoir besoin d’agents virtuels. Ces technologies sont tout à fait accessibles, même au Luxembourg, au moins pour rendre pérenne leur activité pendant le Covid-19 ou développer leurs activités à l’international.

Ce qui était un modèle normal opérationnel a été totalement chamboulé, et même la petite PME, comme le boulanger ou le boucher, doit réfléchir de manière différente. En deux semaines, on a vu une transformation digitale qui aurait dû avoir lieu en deux ans. Il y a eu une crise, une urgence, et les gens ont dû bouger, que ce soit pour l’e-commerce ou pour le télétravail.

Parmi les gros succès de 2019, si on a beaucoup parlé de Zoom ou de Cisco Webex, Teams tire son épingle du jeu. Ce qui n’est pas sans amener de nouvelles critiques sur l’intérêt du logiciel libre au lieu des solutions américaines…

«L’Éducation nationale, déjà en 2014, avait pris la décision d’aller vers Microsoft 365. Pendant le lockdown, on avait 95.000 instituteurs et écoliers qui étaient connectés tous les jours à Teams. Le fait que le ministère de l’Éducation nationale ait pris le pari de consolider une plateforme de productivité comme la nôtre a permis de très rapidement rebondir et réagir. Au Luxembourg, ça a été assez facile de mener cette transition vers le digital par rapport à d’autres pays, moins prêts à prendre des décisions pour l’utilisation d’outils comme ceux-là. Le top 100 de nos clients au Luxembourg en ont fait autant.

Il ne s’agit pas de se retrouver bloqués par des standards qui ne seraient plus à jour. Nous essayons de contribuer à cela par notre vision, et c’est dans cet esprit-là que le Luxembourg a adopté le cloud.

Candi Carrera,&nbspcountry manager pour le Luxembourg,&nbspMicrosoft

Ce que je regarde, c’est les compétences dont nos enfants auront besoin. De quelles compétences, de quelle culture digitale auront-ils besoin dans le cadre de leur cursus scolaire et professionnel? Le standard en termes de productivité est Microsoft 365 ou Office 365. Si les décisions ont été prises dans un sens, c’est qu’il y a une certaine logique de continuité pour que la bonne culture soit donnée à nos enfants à Luxembourg. Ils vont être confrontés ou vont devoir travailler avec des outils de ce type. Au niveau du logiciel libre, si je sors de la discussion sur l’éducation, plus de la moitié de ce qui tourne sur Azure est du logiciel libre, parce qu’Azure permet de venir avec les compétences qu’ils ont. On est très ouverts à des compétences en PHP, en Python ou autre chose, sans imposer un standard A ou B.

L’autre reproche que l’on vous fait est inclus dans un package entre respect de la vie privée, partage des données, et même votre adhésion à Gaia-X, qui n’est pas un cloud européen, mais un catalogue de solutions européennes.

«Nous voulons collaborer à l’initiative Gaia-X. C’est important de façon générale, que ce soit dans l’initiative ou en dehors. Il y a des standards d’interopérabilité, et c’est important que chacun puisse venir avec sa technologie et que cela soit interopérable. C’est en ce sens que nous avons rejoint Gaia-X, pour y contribuer avec notre expérience. Il est important qu’elle pense à l’interopérabilité ou à la protection des données, qu’elle s’appelle GDPR ou RGPD, mais qu’en même temps, on n’oublie pas qu’il faut des solutions qui apportent de l’innovation et de la vitesse d’innovation en Europe. Il ne s’agit pas de se retrouver bloqués par des standards qui ne seraient plus à jour. Nous essayons de contribuer à cela par notre vision, et c’est dans cet esprit-là que le Luxembourg a adopté le cloud. Ça permet de sortir des cycles standards, et de commissionner une nouvelle application et la délivrer à des clients après quelques mois.

Quand on est un client B2B, que ce soit un très grand groupe ou une PME, de Microsoft 365, contractuellement, on garantit que les données au repos se trouvent dans des centres de données dans l’Union européenne. C’est garanti.


Lire aussi


Pour Azure, la philosophie technologique est un peu différente. Imaginez une application d’e-commerce, c’est le client qui choisit où faire héberger ses données. Prenons un client qui a une application d’e-commerce et des clients en Amérique latine… Très probablement, il va déployer une partie de l’application dans des centres de données là-bas. La latence fait qu’il veut que les clients aient une très bonne expérience de commerce. Un client normal européen, même sur Azure, va suivre le même principe.

Chez Microsoft, nous avons toujours voulu être leader et ‘définisseur’ de normes et de standards au niveau de la vie privée. Il y a deux ans, nous étions les premiers à avoir la norme ISO 27018. Nous sommes conscients que la façon dont nous opérons est la confiance. Nous ne pouvons pas nous permettre de rompre cette chaîne de confiance avec nos clients. Il y a des aspects contractuels et psychologiques. Nos clients peuvent, s’ils le souhaitent, venir avec leur clé d’encryption ou la garder, pour garantir cette vie privée. Ils peuvent nous auditer. Nous essayons de donner le maximum d’assurances pour que nos clients maintiennent leur confiance.

Au Luxembourg, la majorité des clients qui font le pas d’aller vers le cloud Microsoft considèrent que le niveau de sécurité et de protection est plus élevé que ce qu’ils avaient avant. Les menaces d’un point de vue de cybersécurité augmentent aussi, et nous avons besoin de faire évoluer les mesures en fonction de l’évolution des menaces.»

Mots clés: