Métiers de la deuxième ligne : « au niveau des salaires, le compte n’y est pas »
La crise pandémique a braqué les projecteurs sur les métiers dits de « deuxième ligne », ces emplois caractérisés par une forte exposition au virus du fait de leur nécessité absolue pour assurer la continuité de la vie économique et sociale du pays, et pourtant de faible qualité, tant du point de vue de la rémunération que des conditions de travail.
Alors que les travailleurs de la première ligne ont été augmentés au travers du Ségur de la Santé, ces salariés attendent encore reconnaissance de leur contribution essentielle au fonctionnement de la société. C’est pourquoi, notamment, la CFDT Services appelle à une « marche des travailleurs essentiels » le jeudi 3 février à Paris.
Suivant le dossier de près, la ministre du travail Elisabeth Borne avait commandé fin 2020 à l’économiste Christine Ehrel et la directrice des ressources humaines de RTE Sophie Moreau-Follenfant, un rapport visant à « accompagner les partenaires sociaux dans la démarche de reconnaissance des travailleurs de la deuxième ligne », qui a été remis fin décembre 2021.
Selon la chercheuse, bien que le plus fort de la crise soit désormais derrière nous, celle-ci a modifié structurellement et durablement le travail et sa perception, tant par la société que par les responsables politiques. « Le fait que les métiers permettent ou non le télétravail participera désormais à leur attractivité », note-t-elle par exemple. Elle présente à Alternatives Economiques les pistes qu’elle propose pour que ces métiers de la deuxième ligne ne soient pas les oubliés du monde de demain.
Quel périmètre recouvre ce concept de « travailleurs de la deuxième ligne » ?
Christine Ehrel : La population que nous avons distinguée obéit à deux critères : Les travailleurs de seconde ligne sont à la fois ceux qui, dans le secteur privé, ont été obligés d'être présents sur site pendant le premier confinement, et ceux qui, du fait d'un métier au contact de publics, se sont retrouvés exposés à un risque de contamination.
Ces recoupements permettent de dégager 17 métiers appartenant à « la deuxième ligne ». Leur premier trait commun, c’est d’abord...
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