Baguette de pain à 0,29 euro chez Leclerc : la filière dénonce une mesure "honteuse" et "destructrice"
C'est le président du Comité Stratégique des centres E.Leclerc lui-même qui a lancé la campagne de communication ce mercredi 12 janvier sur les réseaux sociaux. Une baguette de pain est proposée à 29 centimes dans l'ensemble des magasins du groupe. Une décision qui affole les boulangers, producteurs de céréales et autres professionnels du secteur.
"Bloquer le prix de la baguette, [...]tout un symbole !"
"Oui, bloquer le prix de la baguette à 0,29 euro, c'est tout un symbole ! La baguette est un repère de l'évolution des prix et du pouvoir d'achat pour les consommateurs : investir sur ce marqueur permet de rassurer sur notre capacité à rester accessible au plus grand nombre", s'est félicité Michel-Edouard Leclerc, dans un Tweet ce mercredi.
Un coup de communication qui vise à bloquer le prix de la baguette symboliquement mais pas seulement. Dans un contexte d'augmentations toujours plus importantes des prix (inflation), le groupe souhaite taper fort.
Les professionnels outrés
Une décision qui trouble profondément les acteurs du secteur. Dans un communiqué, la FNSEA (syndicat d'exploitants agricoles), dénonce "une campagne destructrice de valeurs pour tous les maillons de la filière céréalière française" alors que "le gouvernement et l’ensemble des filières travaillent pour rémunérer justement les agriculteurs". "Dans ces conditions, la filière céréalière s’interroge sur les prix pratiqués par les magasins Leclerc et se demande qui peut en vivre dignement et sur quels produits vendus aux consommateurs les magasins Leclerc compenseront", interroge le syndicat.
"Nous cherchons à préserver l’emploi et la qualité, cela a un coût : il faut rémunérer correctement les acteurs, ceux qui plantent, qui récoltent, qui assemblent les grains et font la farine, et ceux qui fabriquent le pain. Ce que fait Leclerc est honteux", dénonce pour sa part Jean-François Loiseau, relayé par l'AFP.
Le président de la Confédération Nationale de la Boulangerie-Pâtisserie Française va même jusqu'à évoquer un risque de concurrence déloyale pour les boulangeries à proximité des centres Leclerc. "Même si cette promotion ne dure que trois ou quatre mois et même si les Français sont attachés à leurs boulangers, si la boulangerie à proximité du Leclerc perd 300 ou 400 clients durant cette période, elle risque d'être sérieusement en difficulté", craint-il, cité par nos confrères du Figaro.
Michel-Edouard Leclerc répond aux critiques
Michel Edouard Leclerc est revenu sur la polémique auprès de Capital. Même s'il ne souhaite pas "faire de polémique", il rappelle aux acteurs de la filière "la nécessité" qu'ils acceptent "que les magasins Leclerc restent maîtres de (leur, NDLR.) relation avec les consommateurs".
Le patron du groupe justifie son opération choc : "Dans un contexte où tout augmente et tout va augmenter, nous avons voulu donner un signal que Leclerc fera en sorte que les prix restent accessibles pour les consommateurs." Et d'ajouter : "Une trentaine de centimes, c’est le prix moyen d’une baguette premier prix dans les centres Leclerc depuis au moins un an".
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